134. VIE ET DOCTRINE


 
      Il y a un thème essentiel pour la croissance ou l’équilibre du chrétien, sur lequel il est important de revenir assez souvent, et c’est la relation entre vie et doctrine. On peut dire qu’il existe à la base 2 types opposés de chrétiens. Il y a le chrétien qui vit sa foi selon ses impulsions, et celui qui la vit selon sa doctrine. L’un souvent ne prête pas attention à la doctrine, l’autre par contre ne prête pas attention à son état interne. C’est une erreur grave dans les 2 cas, car la vie intérieure et la doctrine ne peuvent être séparées sans qu’il en résulte des conséquences très néfastes.
     La vie spirituelle a besoin de la doctrine pour croitre ; comme dit 1 P. II : 2 : « Désirez comme des enfants nouveau-nés le lait spirituel de la Parole pour que par elle vous croissiez ». Quant à la doctrine, (la Parole), elle n’a de sens ou d’utilité que pour qui possède la vie spirituelle. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni : la vie et la doctrine !
      La vie vient en 1er lieu, et ensuite la doctrine qui de fait sert à la croissance de cette vie surnaturelle, et éternelle que nous recevons au jour de notre régénération. Néanmoins en Occident particulièrement, du fait de notre culture judéo-chrétienne, la doctrine que nous entendons à propos du Fils de Dieu mort et ressuscité pour nos péchés, vient pour beaucoup bien avant de recevoir la vie, avant d’être régénérés par le Saint-Esprit. Doctrine qui avant la régénération, sert uniquement à augmenter la culpabilité de l’homme naturel, ce qui est essentiel ! C’est pourquoi que ce soit en Occident comme en Orient, au pôle nord comme au pôle sud, il faut que l’Evangile soit prêché, car il implique la doctrine du péché, et commande le repentir et la conversion à toutes les nations. Il est essentiel en effet que le monde sache qu’il est condamné par le péché, et qu’il y a un Sauveur du péché, car il y a un jugement dernier. Celui qui ne sait pas qu’il est malade ne cherchera pas le médecin (Luc V : 31) … Combien fait défaut aujourd’hui le vrai Evangile qui commence par l’annonce de la colère de Dieu sur quiconque ne se repent pas de ses péchés ! Le faux évangile ne parle que d’amour, d’un faux amour qui non seulement tolère le péché, mais aussi le prône. Le vrai Evangile parle d’un amour qui ne tolère pas le péché, mais l’a châtié sur la personne interposée du Seigneur Jésus, et ce uniquement pour qui se repent et croit en son nom.
     La régénération nous donne une nouvelle nature, une conscience éveillée qui nous permet de comprendre nos ténèbres, et de capter la lumière qu’est Jésus notre Seigneur et Sauveur. Cela peut être un processus instantané ou cela peut prendre du temps ; chaque cas est unique. Cependant les 2 choses vont ensemble ; celui qui reçoit la vie arrive infailliblement à la connaissance de Jésus-Christ le Fils de Dieu, car il est la vie et en lui est notre vie nouvelle. (Il arrive aussi, et intuitivement, à savoir que la Bible est la Parole infaillible de Dieu…) La vie est donc inséparable de la doctrine du Fils de Dieu. La vie nous est donnée pour comprendre qui est Jésus puisqu’il est la vie. Et la doctrine est impliquée dès le départ dans la révélation de Jésus-Christ en nous, car il nous est révélé comme notre Seigneur et notre Dieu.  Mais beaucoup ne se rendent pas compte de l’aspect doctrinal de cette révélation, et pensent donc que la révélation de Jésus-Christ dans leur cœur, par le Saint-Esprit, est chose suffisante, et qu’une fois que le dogme de la Trinité est affermi en eux, ils s’imaginent qu’il faut simplement attendre de nouvelles révélations, sans recourir pour cela aux Ecritures qu’ils ne lisent pas dans l’analogie de la foi…
     Ce genre de croyants se compose en général de charismatiques, ou de pentecôtistes. La doctrine n’est pas essentielle pour eux ; l’important disent-ils, c’est l’onction du Saint-Esprit. Mais justement l’Esprit nous est donné pour comprendre les Ecritures qui nous donnent la connaissance véritable de Dieu. Sans les Ecritures il peut y avoir la vie, mais il ne peut y avoir de croissance pour cette vie. La vie qui nous est donnée en Christ Jésus dans notre nouvelle naissance devient rachitique si elle n’est pas alimentée par une étude constante des Ecritures. Or une étude sérieuse des Ecritures implique un perfectionnement dans la doctrine chrétienne, car il nous est commandé de croître dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire de sa personne et de son œuvre. Notre Seigneur nous dit qu’il est le cep et que nous sommes les sarments, et donc que nous devons être unis à lui afin de recevoir continuellement sa vie en nous, tout comme le sarment reçoit la sève du cep. Cela s’effectue par la communion du Saint-Esprit qui nous enseigne par sa Parole inspirée : la Bible.  
      Comprendre la Bible c’est l’interpréter selon l’analogie de la foi et non selon les désirs de la chair. Le pentecôtiste n’a jamais la doctrine correcte puisqu’ il est arminien, et il a en plus à côté de la Bible, l’autorité de ses faux prophètes, de ses visions, de ses langues soi-disant angéliques etc. Pour lui, la Bible n’est plus suffisante pour qu’il soit complètement équipé pour sa course (2.Ti. III : 16), et donc il se tourne vers l’Esprit qui soi-disant le dirigera comme au temps apostolique, quand l’Ecriture n’était pas encore complète… C’est bien sûr une erreur grave car l’Esprit n’a plus rien à rajouter à ce qu’il a déclaré dans la Bible, et il se charge seulement de nous rappeler ce qui est écrit, de nous en révéler le sens, et de nous montrer comment l’appliquer à notre vie quotidienne (Jn. XIV : 26). Cette sorte de croyant est donc emporté par tout vent de doctrine, car il a en quelque sorte largué les amarres de la saine doctrine protestante (Sola Fide et Sola Scriptura). Il devient le croyant tolérant qui peuple les bancs des églises de l’Apostasie. Tolérant envers tout ce qui détruit la sainteté et l’ordre patriarcal établi par Dieu, et très intolérant envers ceux qui osent dénoncer cet état de décadence morale et spirituelle qui caractérise les églises d’aujourd’hui.
     L’autre extrême c’est le croyant qui maintient une doctrine orthodoxe mais ne la pratique pas. C’est une sorte de chrétien académique, et sa pratique du christianisme est une question de formalité. Il connait par cœur les 5 « Solas » de la Réforme et les 5 points du calvinisme, mais c’est de la théorie, en pratique cela n’a aucun effet dans sa vie. Déjà dans au XVIIème siècle le puritain Thomas Hall disait à propos de ce genre de christianisme : « Formalité, formalité, formalité est le grand péché de l’Angleterre aujourd’hui, sous lequel elle gémit. Il y a plus de lumière qu’auparavant, mais moins de vie ; plus d’ombre mais moins de substance ; plus de profession de foi mais moins de piété ». Ce genre de croyant au XXIème siècle envoie, par exemple, ses enfants à l’école où on leur enseigne l’évolution biologique, ne s’aperçoit pas du problème de la féminisation dans sa famille, dans son église, et dans la société, et il passe des heures devant son poste de télé, ou a soigner son image sur Facebook ; comme dit 2 Ti. III : 5 : « enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété mais reniant ce qui en fait la force ». En revanche il va fidèlement au culte du dimanche matin où il sait qu’il n’y aura aucune remise en cause de sa mondanité ; « Formalité, formalité » disait Thomas…
     La doctrine saine est une explication de la vie en Christ, et de la Personne et œuvre de Christ. Elle a pour but une mise en pratique de cette connaissance qui se manifeste par une véritable sanctification, laquelle nous transforme en lumière dans ce monde de ténèbres. Or celui qui sait ce qui est bien et ne le pratique pas commet un péché, et c’est ce qui se passe depuis bien longtemps dans les églises protestantes traditionnelles où on se flatte d’être héritier de la Réforme, tout en suivant le courant du monde. Ces églises sont en fait de grands cimetières remplis de sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au-dedans sont plein d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés (Mt. XXIII : 27). Ces cas de croyants académiques ou traditionnels sont pires que les ignorants qui se guident par leurs émotions, car celui qui sait davantage sera battu d’un plus grand nombre de coups dit notre Seigneur (Luc XII : 47, 48). Comme nous l’avons déjà dit la doctrine explique la vie mais elle n’est pas la vie ; la vie est une personne : Jésus-Christ ! Le pasteur anglican J. C. Ryle (1816-1900) dit à ce propos :
 
     « D’une part, gardez à l’esprit comme une vérité immuable que le Seigneur Jésus est une Personne réelle et vivante. Approchez-vous de lui comme tel. Je crains que la personnalité de notre Seigneur ne soit oubliée, hélas, par beaucoup d’enseignants aujourd’hui. Leur discours concerne plus le salut que le Sauveur, la rédemption que le Rédempteur, la justification que Jésus, et l’œuvre de Christ que la personne de Christ. C’est une faute grave qui explique pleinement le caractère desséché et stérile de beaucoup d’enseignants religieux. En même temps que vous grandissez dans la grâce et expérimentez dans la foi la joie et la paix, prenez garde de ne pas tomber dans cette erreur. Cessez de regarder l’Évangile comme un simple recueil de doctrines sèches. Contemplez-le plutôt comme la révélation d’un Être vivant et puissant sur qui vous fixez les regards pour recevoir la vie, jour après jour. Cessez de le regarder comme une simple série de propositions abstraites, comme des principes et des règles obscures. Regardez-le comme la présentation d’un Ami glorieux et intime. C’est cet Évangile-là que les apôtres ont prêché. Ils ne sont pas allés de par le monde pour parler aux hommes d’amour, de miséricorde et de pardon de manière abstraite. Le principal sujet de tous leurs sermons était le cœur aimant d’un Christ réel et vivant. Cet Évangile-là est plus prompt à encourager la sanctification et la conformité à la gloire de Dieu. Assurément, rien ne peut nous préparer aussi bien pour ce ciel. La présence personnelle de Christ y sera tout, et nous serons face-à-face avec lui dans la gloire. C’est à cette condition que nous comprendrons enfin ici-bas ce qu’est la communion avec Christ : une communion réelle et vivante avec sa Personne. Il n’y a pas de comparaison possible entre une idée et une personne », (extrait du livret « Le maitre souverain des flots »).
     Essayons maintenant de voir quel est le Chemin que nous devons suivre. Ce chemin est entre ces 2 extrêmes, et il commence, comme nous l’avons déjà dit, par la vie spirituelle qui nous est donnée à la nouvelle naissance, et qui se développe par une alimentation saine au moyen de la Parole de Dieu. En effet il est impossible de croître si on n’est pas né de nouveau ! Cette alimentation a pour but la croissance dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ afin que nous fonctionnions comme membres de son corps mystique qu’est l’Eglise, à la place qui nous est réservée pour l’édification de tous les saints. Mais tout comme dans le plan physique l’alimentation passe par un processus de mastication, et digestion des aliments qui se transforment en sang qui est la vie du corps, de même la Parole de Dieu doit être mastiquée, ruminée comme le font les animaux considérés purs selon la loi cérémoniale. En effet l’animal pur doit premièrement avoir le sabot fendu, ce qui typifie la division de l’âme et de l’esprit qu’effectue la Parole de Dieu (Hb. IV : 12), et deuxièmement il doit ruminer. De même le vrai chrétien doit premièrement être né de nouveau , ce qui donne d’abord une séparation entre les pouvoirs de son âme (émotion, intellect, et volonté), et ceux de son esprit (conscience, intuition, et disposition), avec une soumission de l’âme à l’esprit. Deuxièmement, il doit renouveler sans cesse son esprit par la Parole de Dieu, laquelle doit être analysée par son intellect (Eph. IV : 23). Il ne s’agit donc pas seulement de lire la Parole et de la mémoriser. Il s’agit de la ruminer afin d’en sortir l’enseignement qu’elle contient, ce qui souvent est lié à une doctrine, et ensuite de l’appliquer fidèlement à notre vie quotidienne. C’est un cycle qui commence par une vie reçue passivement au moment de la régénération, mais qui après se développe activement par une assimilation doctrinale de la Parole qui dirige et fortifie l’esprit du croyant. Celui qui n’arrive pas à une conclusion doctrinale de son étude de la Bible, est celui qui apprend toujours, et jamais n’arrive à la connaissance de la vérité (2 Ti. III : 7). Quant à celui qui arrive à une conclusion doctrinale de son étude, mais ne la met pas en pratique : il est un sépulcre blanchi… La doctrine sans effet sur la vie du croyant est une lettre morte. La vie du croyant sans doctrine pour la diriger est une vie gâchée.
     Notre vie spirituelle n’est pas une vie fantaisiste, mais une vie divine opposée à la vie naturelle, car l’une marche par la foi et l’autre par la vue. Or cette vie nouvelle a ses règles, sa dynamique, et ses fondements, et la doctrine est en somme l’explication de cette vie, la révélation de ses règles et de ses fondements, qui tous se trouvent dans les Ecritures. C’est exactement ce que le calviniste John Bunyan nous décrit dans son fameux roman allégorique « Le chemin du pèlerin ». Si la vie nouvelle est en nous, si Christ est en nous, nous devons alors tous à suivre ce chemin du pèlerin, et avons donc besoin de la carte qui nous guide sur ce chemin. La carte c’est bien sûr la Bible, mais encore faut-il savoir lire la carte ! Des millions la lisent si mal qu’ils ne trouvent jamais le chemin. Seuls ceux qui ont la doctrine correcte peuvent la lire correctement, selon l’analogie de la foi disent les théologiens…
     Beaucoup diront que nous sommes bien orgueilleux d’affirmer que seuls ceux qui suivent la doctrine calviniste et millénariste ont en quelque sorte la grille de compréhension des Ecritures, et donc peuvent marcher (et non pas se traîner) sur le chemin du pèlerin qui va de la Sodome actuelle à la Jérusalem céleste. Mais cela n’a rien à voir avec l’orgueil, si toutefois c’est une connaissance connectée avec la vie en Christ, et non avec la tradition reçue des parents ou d’une dénomination… Nous voulons dire par là que ce n’est pas une compréhension purement intellectuelle de la doctrine, car celle-ci est celle que possèdent des milliers de folles qui entrent dans des séminaires, et en sortent fièrement avec des titres de théologiennes ! Nous parlons d’une connaissance doctrinale basée sur l’expérience personnelle.
     Par exemple combien connaissent les 5 points du calvinisme et savent qu’un parmi ceux-ci, traite de la dépravation totale de l’homme ! Néanmoins ils ne l’ont jamais vue en eux ! Leur connaissance est purement intellectuelle et ne vaut rien sinon une condamnation plus sévère au Jour du jugement. La dépravation totale de l’homme est simplement pour eux un point doctrinal à connaître, à analyser, pour être considéré comme un bon calviniste. Ils connaissent cette doctrine mais ne savent pas ce que cela veut dire en réalité. Celui qui sait ce qu’est la dépravation totale, le sait parce qu’il l’a vue en lui-même, et non parce qu’il connaît obligatoirement les 5 points du calvinisme, et cela n’est certes pas devenu un sujet à étudier, mais une épouvantable vision qui lui fait clamer : « Misérable homme que je suis, qui me libèrera de ce corps de mort, de cette réalité nauséabonde du péché en moi ?  Merci Jésus pour me libérer chaque jour de cette lèpre qui demeure en moi ! » (Ro. VII : 23 à 25). La doctrine explique la vie (ou la mort), mais pour comprendre ces choses il faut avoir la vie en soi, car « l’homme naturel ne perçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu…en revanche l’homme spirituel juge toutes les choses » (1 Co. II : 14, 15). Cela revient à dire que la vie spirituelle qui est en nous, cette nouvelle nature qui perçoit la réalité, permet de comprendre la doctrine, et la doctrine permet à son tour de comprendre cette vie qui est nous.
      L’Ecriture dit que dans l’Evangile la justice de Dieu se révèle par la foi et pour la foi (Ro. I : 17). C’est-à-dire que par la foi on obtient la justice de Christ qui nous est imputée, car le juste est mort pour les injustes (Ro. III : 22, 1 P. III : 18). Or le fait même de savoir que l’on est justifié par la foi, nous donne une assurance et une joie qui nous poussent à approfondir cette foi à la lumière de la Parole de Dieu, et cela est bénéfique pour la foi qui de cette manière augmente. Or c’est le même principe qui régit la relation entre la vie et la doctrine  : on comprend par l’expérience personnelle de nos échecs, de nos péchés, de nos pensées malignes, ce que signifie la doctrine de la dépravation totale de notre nature terrestre, et cela nous amène à nous pencher sur les autres points du calvinisme, puisque ces 5 points sont tous liés, et ainsi lorsqu’on arrive à la doctrine de la persévérance des saints, on comprend pourquoi en dépit de cette corruption interne horripilante et indestructible, (tout du moins jusqu’à la mort ou jusqu’à l’Enlèvement), nous continuons dans le chemin de la vie chrétienne. C’est pourquoi on peut dire aussi que la vie nouvelle en Christ se révèle par la doctrine, et pour la doctrine ! Beaucoup s’écrieront mais cela est du fanatisme doctrinal, ou une sorte d’idolâtrie du dogme, car c’est placer la doctrine au-dessus de la vie ! Mais ces frères ne devraient-ils pas considérer d’abord le pourquoi de la vie spirituelle, le « Soli Deo Gloria » de la Réforme ? Pourquoi Dieu nous a-t-il donné la vie ? N’est-ce pas pour que nous le connaissions par cette même vie puisqu’il est écrit : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus-Christ » (Jn. XVII : 3). Or cette connaissance, quand elle est systématisée, devient est une connaissance doctrinale, c’est pourquoi Dieu nous commande d’être renouvelés dans l’esprit de notre pensée, de ne pas nous conformer au siècle présent, et ce par le renouvellement de notre entendement (Eph. IV : 23, Ro. XII : 2).
      La vie nouvelle commence dans l’esprit, dans la conscience qui est illuminée par la révélation de Jésus-Christ notre Seigneur et notre Dieu (Jn. XX : 28), mais elle croît par l’utilisation de notre entendement des Ecritures, et comprendre les Ecritures c’est toujours arriver à des conclusions doctrinales. C’est donc une erreur fatale pour la croissance spirituelle que de séparer vie et doctrine, car elles sont inséparables, tout comme le repentir véritable est inséparable de la foi salvifique. Dieu traite à l’égal soit une nation soit un homme (Job XXXIV : 29), et on peut dire aussi que la vie de tout croyant est la réplique de la vie de l’Eglise à une certaine époque.
     Au commencement de l’ère chrétienne nous voyons que l’Esprit Saint a pris soin de nous donner l’ordre correct du fonctionnement de l’Eglise militante, cet organisme vivant sur une terre hostile, en nous disant : « et ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières (Ac. II : 42). Mais il y a eu auparavant la venue du Saint-Esprit qui a effectué des milliers de conversions au jour de la Pentecôte, puis vint l’approfondissement dans la doctrine, suivi de la communion fraternelle etc. Donc d’abord la vie, et ensuite la doctrine, dans l’Eglise comme dans le croyant ! L’Eglise est passée par diverses étapes qui sont typifiées par les 7 églises de l’Apocalypse. (Cela ne veut pas dire que ces 7 types d’églises se succèdent strictement l’un après l’autre, mais simplement qu’il y a un type nettement prédominant à chaque époque, et aujourd’hui c’est clairement le type Laodicéen…). Mais si vous prenez le temps d’étudier l’histoire de l’Eglise au cours des siècles, avec une vision plus globale et sous ses différentes manifestations institutionnelles, vous voyez d’abord l’Eglise apostolique, puis catholique, puis réformée. Et c’est toujours la doctrine qui est la cause de sa transformation et de sa rénovation. En effet après l’époque apostolique, ce qui a donné naissance aux églises catholiques, fut la bataille pour le dogme trinitaire. Car à l’origine, il faut se rappeler que se dire catholique ne signifiait pas se soumettre aux prétentions de l’église de Rome, mais simplement s’opposer aux unitariens, et soutenir la vérité du Dieu unique en 3 Personnes consubstantielles et coéternelles. Le plus grand avivement après l’époque apostolique fut néanmoins celui de la Réforme protestante, basé lui aussi sur la doctrine ; celle du salut par la foi sans les œuvres. Et tous les véritables avivements au sein du protestantisme ont toujours eu une base doctrinale, que ce soit Whitefield et Wesley avec leur insistance sur la sainteté, que ce soit Spurgeon avec sa bataille contre le libéralisme et la haute critique. Tout ravivement véritable a une base doctrinale solide. (Par ailleurs il est remarquable que leurs fruits continuent d’alimenter les croyants des siècles suivants, puisque des milliers de croyants aujourd’hui continuent de lire les confessions d’Augustin, « Le Serf-arbitre » de Luther, « Le Pèlerin » de Bunyan, les sermons de Whitefield, de Spurgeon, de Ryle, de Lloyd Jones etc.) Rajoutons aussi que la base doctrinale de tout ravivement n’est pas toujours la même, c’est pourquoi Dieu a utilisé des arminiens comme Wesley, ou même des pentecôtistes comme Tozer ou Wilkerson quand le besoin urgent est celui de la sanctification.
     Bien que nous sachions qu’il n’y aura plus de ravivement au sein des églises, car nous sommes dans le temps de l’Apostasie finale, aujourd’hui même, le Saint-Esprit utilise encore davantage d’arminiens que de calvinistes pour raviver l’espérance bénie du Rapt et du Millénium. Cela n’empêche pas que l’arminianisme et le pentecôtisme soient des erreurs graves, mais l’amillénarisme et l’antisémitisme qui ont tâché les réformateurs du XVIème siècle, n’ont pas non plus empêché la naissance et l’expansion merveilleuse du protestantisme ! Comme dit l’Ecriture : le trésor se trouve dans des vases de terre afin que la gloire soit donnée à Dieu, et non aux hommes (2 Co. IV : 7) !
     Nous affirmons donc en conclusion, l’importance vitale de la doctrine pour la croissance spirituelle, sans pour autant nier le fait que Dieu utilise souvent des croyants qui n’ont pas une doctrine saine que ce soit au point de vue sotériologique ou eschatologique, ou pneumologique, ou hamartologique etc. Par conséquent défendant fermement la saine doctrine qui est calviniste et millénariste, gardons-nous aussi d’attaquer une œuvre que Dieu a faite ou fait, avec des frères qui pourtant errent sur certains points importants de la doctrine pure. Par exemple Lloyd Jones croyait que le livre de l’Apocalypse n’avait rien à voir avec des évènements historiques ; qu’il fallait l’interpréter de façon purement allégorique, et qu’il était dirigé essentiellement aux croyants de l’époque de l’apôtre Jean, lesquels déjà souffraient des persécutions impériales. Selon Jones, et le but de ce livre était essentiellement de les consoler en leur rappelant que le bien triomphera finalement du mal… C’est une grave erreur qui enlève le pain de la bouche des croyants d’aujourd’hui ; de ceux qui cherchent à alimenter leur espérance du retour en gloire de notre Seigneur qui nous a sauvés, afin que nous servions le Dieu vivant et vrai et que nous attendions des cieux son Fils qui doit revenir très bientôt (1 Ts. I : 10) ! Mais à côté de cela, ses sermons expositifs sont des mets substantiels pour l’âme qui cherche à connaître, ou à se réjouir, dans la doctrine du salut par la foi dans le sang de l’Agneau ! C’est pourquoi reconnaissant que nul n’est parfait dans sa compréhension de toute la doctrine chrétienne, « examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon » (1 Ts. V : 21), et surtout « cherchons à connaître Jéhovah, sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore » !
 
     Maranatha.