169. LE JEUNE

        

     Le jeûne est une pratique courante dans l’AT comme dans le NT. Nous les chrétiens sommes donc concernés par cette pratique de la piété. Hélas il y a une confusion qui règne aujourd’hui quant à cette pratique ; elle concerne non seulement la façon de pratiquer le jeûne, mais aussi la raison pour le pratiquer. Il y a 2 vues opposées qui sont toutes 2 erronées : le jeûne légaliste et le jeûne spiritualisé.

     Le jeûne légaliste.

     Celui-ci se pratique principalement dans les milieux pentecôtistes, mais il peut se présenter aussi dans n’importe quel courant et chez n’importe quel croyant. Le jeûne légaliste est celui qui est conçu comme un programme de sanctification expérimentale. Le but est de se sanctifier davantage au travers d’un jeune programmé selon un calendrier comme chez les catholiques durant le Carême, ou chez les juifs (Yom kippour), ou chez les musulmans (Ramadan), ou chez les bouddhistes et les hindous. Mais le programme peut être sans calendrier, et c’est souvent ce qui se passe dans les églises pentecôtistes, ou chez certains croyants qui cherchent un avivement ou désirent faire un pas en avant dans la sainteté. Le fait est que dans tous les cas l’objectif et la date sont déterminés soit par un calendrier religieux, soit une tradition, soit par un motif personnel.  Or dans le NT il nous est souvent dit de prier sans cesse (1 Ts. V : 17), ou de nous réjouir sans cesse (Phi. IV : 4), mais jamais il nous est commandé de jeuner sans cesse ou à date fixe ! Cette sorte de programme de jeûne est non seulement inutile mais pernicieuse car le croyant s’imagine qu’il avance dans la sainteté alors que c’est l’homme charnel qu’il nourrit ; ces jeûnes, comme dit l’apôtre Paul, « ont à la vérité une apparence de sagesse en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité et le mépris du corps, mais ils sont sans aucun mérite et contribuent à la satisfaction de la chair: » (Col. II : 24). C’est le jeûne du pharisien de Luc XVIII : 12 ! La sanctification est par la Parole de Dieu pas par le jeûne (Jn. XVII : 17). Néanmoins n’oublions pas que cette même Parole nous sanctifie parfois par le jeûne qu’elle recommande dans certains cas qui ne sont pas des programmes de sanctification ou d’avivements pentecôtistes ou personnels … Voyons maintenant l’autre extrême.

     Le jeûne spiritualisé.

     Cette sorte de jeûne est pratiquée par la majorité des calvinistes (des réformés). Néanmoins Jean Calvin ne spiritualisait pas le jeûne. Selon Calvin le jeûne a 3 raisons d’être : 1) dominer la chair et soumettre la chair. 2) être mieux préparé pour prier ou méditer sur les choses saintes. 3) s’humilier devant Dieu quand nous voulons lui confesser une faute, (Institution : livre 4, chap. 12, section 15). Dans la section 18 il nous définit le jeûne comme simplement l’abstinence de nourriture délicate et la consommation de nourriture commune. Nous sommes loin d’être complètement d’accord sur ces points, mais nous expliquerons plus tard notre position.

      En général, les calvinistes aujourd’hui ne pratiquent pas le jeûne, et ce sous aucune des formes, ni pour aucune des 3 raisons qu’indique Calvin. Il y a bien sûr des exceptions, mais cela doit arriver tout au plus dans 10 % des cas… En effet personnellement je n’ai jamais entendu un frère calviniste me parler de jeûne, et encore moins dire qu’il a jeûné un jour complet ! En cette génération il y a eu dans les cercles évangéliques cessationnistes une abolition complète du jeûne physique et il n’est conçu que comme le jeûne spirituel dont nous parle Es. LVIII : 6 et 7 ; c’est-à-dire que faire le bien est le jeûne que Dieu attend de nous, et pas seulement le bien au niveau physique, ou social, mais surtout au niveau spirituel en rompant les chaînes du péché par la prédication de l’Evangile. Cette interprétation du jeûne au 1er abord parait hautement louable et spirituelle, n’est-ce pas ? Mais Esaïe n’abolissait pas par cette déclaration le jeûne, sinon qu’il parlait de façon sarcastique des jeûnes de ses concitoyens (v. 3 à 5). Il voulait dire en d’autres termes : « Si c’est cela la façon dont vous jeûnez, sachez que Jéhovah préfère que vous fassiez ceci (v. v. 6 et 7) à la place de cela ». Le jeûne physique était une pratique courante chez les israélites, et elle le reste jusqu’à nos jours. Mais aujourd’hui dans les cercles évangéliques cessationnistes cette spiritualisation du jeûne n’est en fait qu’une excuse pour ne pas jeûner. Car l’Ecriture dans le NT nous montre que le jeûne n’a pas changé depuis l’AT ; c’est toujours une privation de nourriture voire d’eau. Par exemple, Ac. XIII : 3 dit qu’après avoir jeuné et prié ils leur imposèrent les mains. Or si jeûner signifie faire le bien à quelque niveau que ce soit, alors ce passage devient complétement incohérent. Prêchaient-ils l’Evangile entre eux ou faisaient-ils des bonnes œuvres autour d’eux dans le but d’envoyer Paul et Barnabas en mission ? Une telle idée est totalement absurde ! Toutes les fois qu’apparaît le jeûne dans le NT, cela se réfère à l’abstinence de nourriture, et comme la Bible définit elle-même le sens des mots qui s’y trouvent, dans Ac. XXVII : 33 il est écrit : « Paul les exhortait tous à prendre de la nourriture disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez à jeun, dans l’attente, SANS AVOIR RIEN PRIS » (version Darby)… Cette interprétation très spirituelle du jeûne n’est rien d’autre qu’une excuse pour s’éviter une pratique affligeante pour la chair. Cela n’est pas étonnant, car les croyants qui en Occident forment les églises conventionnelles de la dernière génération sont en général amis des plaisirs plus que de Dieu, ayant l’apparence de la piété mais reniant ce qui en fait la force (2 Ti. III : 4). Et bien sûr les premiers coupables sont les pasteurs qui évitent soigneusement tout thème qui peut incommoder leurs fidèles, et donc diminuer les offrandes… Ils évitent soigneusement de parler d’eschatologie, de pratiques réelles de la piété, et de responsabilité morale. C’est logique puisque la télé à la maison les a rendus si docile au monde que la plupart s’injectent dans leur corps ce que le gouvernement décrète, et osent adorer Dieu dans leurs assemblées avec une muselière en papier sur le visage, car il faut obéir à césar, ou au prochain Hitler, selon leur interprétation de Ro. XIII : 1 à 7… Voyons maintenant notre interprétation du jeûne selon les Ecritures.

     En premier lieu nous soutenons que le jeûne biblique est une abstinence totale de nourriture, voire d’eau, et pas simplement une abstinence de mets délicats comme le soutenait J. Calvin… En effet Dn. IX : 3 nous dit que le prophète jeûna et se vêtit d’un sac se couvrant (la tête) de cendre afin de recourir à la prière et aux supplications devant Dieu, alors qu’au chapitre suivant (Dn. X : 3), à une autre époque, il nous dit qu’il ne mangea aucun met délicat, ni viande ni vin, et qu’il cessa d’oindre sa peau d’huile. Il y a là 2 situations différentes. Dans la première Daniel se soumet à une discipline très stricte, tandis que dans la deuxième elle est nettement moins stricte. Dans la première il jeûne, dans la deuxième il s’abstient de mets délicat, mais il se nourrit normalement. Dans la première situation le temps n’est pas indiqué et il n’est donc pas long, car quand le jeûne est long l’Ecriture le fait savoir comme dans le cas de Moïse (Dt. IX : 9, 18, et 25) ou d’Elie (1 R. XIX : 8) ou de notre Seigneur Jésus (Luc IV : 2), et ce sont des jeûnes surnaturels. En effet on peut jeuner 40 jours et survivre mais c’est physiquement impossible de jeûner 40 jours et continuer à marcher dans la montagne ou dans le désert, et encore moins sans boire une goutte d’eau comme cela est spécifié dans le cas de Moïse ! Par contre, dans le deuxième cas le temps est long et il est indiqué : 3 semaines. Voilà donc 2 façons de s’humilier devant Dieu ; l’une en jeûnant et l’autre en s’abstenant de certaines nourriture. Maintenant analysons la raisons qui a fait que Daniel dans le 1er cas jeuna et dans le deuxième s’abstint de mets délicats.

       Elle est évidente et dans le 1er cas c’est une question d’urgence. Daniel s’était rendu compte en lisant les prophéties de Jérémie que la captivité d’Israël devait s’achever au bout de 70 ans, or ces 70 ans étaient pratiquement achevés avec la chute de l’empire chaldéen, et la montée au pouvoir de Darius. Cela signifiait que les déportés devaient retourner très bientôt en Israël et rebâtir le temple et la ville. C’était un défi et une tâche urgente à accomplir. Par conséquent Daniel jeûna (v. 17 et 18).

      Dans le second cas, durant la troisième année de Cyrus, de nombreux déportés étaient retournés au pays et avaient commencé la reconstruction du temple car la première année du règne de Cyrus un décret fut publié ordonnant de la part du roi la reconstruction du temple à Jérusalem par les fils d’Israël (Esd. I : 1 à 4). Le premier pas avait été fait et même s’il restait beaucoup à faire concernant le temple et la ville, le plus urgent était accompli : le retour de la déportation. N’oublions pas que dans toute œuvre le 1er pas est le plus important, les autres pas suivent, et s’il s’agit de l’œuvre de Dieu pour son peuple, ce qu’Il commence, inéluctablement Il le finit (Phi. I : 6) ! Mais en ce second cas Daniel avait à cœur de comprendre davantage le plan de Dieu (v. 12), et dans ce but il s’humilia 21 jours mais ne jeûna pas car ce n’était pas une question aussi urgente que dans le 1er cas.

     Nous pouvons donc déduire une chose de cet exemple notoire, et c’est que selon la Bible, le jeûne véritable, l’abstention totale de nourriture, correspond à une situation très pressante et pas à un programme établi visant un avivement ! Ce cas notoire n’est pas le seul dans les Ecritures, nous voyons en effet Esther demander au peuple de jeûner 3 jours car tous les Juifs étaient menacés d’extermination totale (Est. IV : 16). De même Moïse jeûna pour supplier Dieu de ne pas exterminer les Israelites, et n’oublions pas les Ninivites qui aussi jeûnèrent à cause de la menace de mort qui pesait sur eux (Jo. III : 5 et 7). Paul aussi jeûna alors qu’il suppliait en prière le Seigneur d’être délivré de sa culpabilité énorme et de sa cécité complète (Ac. IX : 9).

     Nous ne sommes donc pas totalement d’accord avec les 3 assertions de Calvin sur le jeûne, (1 dominer la chair et soumettre la chair. 2 être mieux préparé pour prier ou méditer sur les choses saintes. 3 s’humilier devant Dieu quand nous voulons lui confesser une faute). En effet le jeûne ne sert pas en 1er lieu à dominer et soumettre la chair de façon efficace et continuelle, car ce contrôle sur le corps et ses demandes légitimes n’a lieu que durant les jours du jeûne (abstention totale de nourriture). Une fois que le jeûne se termine l’appétit doit être satisfait et le plaisir de manger est grandement augmenté au 1er repas ! Néanmoins cette sorte de jeûne permet de voir notre capacité à imposer à la chair notre volonté, et nous reviendrons là-dessus plus tard…. Le deuxième point est plus douteux car la prière se base sur les mérites de notre Seigneur Jésus, et si elle est conforme à sa volonté cela provient de l’action du Saint-Esprit en nous et non d’une préparation physique. Le troisième point est correct car en cas d’un péché énorme, le jeûne est signe que cela nous a bouleversés grandement et Dieu ne méprise pas un esprit brisé, et un cœur contrit (Ps LI : 17). Or celui qui fait bonne chère n’a ni le cœur contrit ni l’esprit brisé. Ce jeûne fut pratiqué par David lors de son péché énorme avec Bath-Schéba (2 Sam. XII : 16 à 18).

     Pour notre part nous pensons que bien sûr le jeûne est une pratique qui ne doit pas être spiritualisée comme le font la majorité des calvinistes modernes, ni programmée comme le font la majorité des pentecôtistes. Le jeûne est une mesure d’exception pour des cas urgents, pour des situations dangereuses qui peuvent être le résultat de nos péchés ou des attaques du monde et/ ou des démons. Contrairement à ce qu’enseignent les faux prophètes du pentecôtisme, sauf exception nous ne sommes plus appelés à expulser les démons mais simplement à prêcher l’Evangile. Mais nous savons quand même que certains démons requièrent la pratique du jeûne pour leur expulsion (Mt. XVII : 21). Or affronter un homme possédé représente un danger sérieux comme ont pu le constater les 7 fils de Scéva qui s’enfuirent nus et blessés de la maison de l’homme possédé du démon (Ac. XIX : 13 à 17) ! Le fait est que depuis la chute d’Adam dans le jardin d’Eden, le diable et son armée de démons ne cessent de tramer notre destruction, et généralement ils le font à travers leurs agents humains qu’ils manipulent, ou parfois possèdent comme Néron ou Hitler ou l’Antichrist qui doit bientôt apparaître sur la scène internationale… Il y a toujours un Haman qui dans les hautes sphères du gouvernement cherche la destruction totale des Juifs et des Protestants véritables (ceux qui savent que le pape est au moins un antichrist). Satan prépare toujours une nouvelle « saint Barthélémy » ou un nouvel holocauste nazi. Et il le concrétisera après le Rapt durant les 7 ans de grande tribulation ! Et déjà en Orient, dans les pays communistes, en Afrique et dans tous les pays musulmans nos frères sont constamment en danger et bien souvent c’est un danger de mort. Alors là, le jeûne n’est pas un programme établi pour une meilleure sanctification, ou pour un avivement. Mais c’est une mesure d’urgence pour supplier avec angoisse et insistance que le Seigneur agisse en faveur de ses enfants et les libère du massacre ou du camp de concentration ! Le jeûne n’est pas comme la prière qui certes peut demander un effort au départ, (comme sortir du lit !), mais qui devient rapidement un rafraîchissement.  Non, le jeûne est un acte de piété violent qui ne devient jamais un rafraîchissement ni pour l’âme ni pour le corps. Le jeûne exprime une sainte angoisse dans l’âme, et il afflige le corps car la faim est un signe d’alarme qui nous avertit que nos forces s’épuisent et qu’il nous faut recharger les batteries si nous voulons continuer nos activités dans ce monde. Personnellement je ne crois pas que ce soit une aide pour celui qui prie ou qui médite ou lit la Parole de Dieu en temps normal, car justement il y aura toujours la pensée de la nourriture qui surviendra à un moment ou à un autre. C’est d’ailleurs ce qui arriva à notre Seigneur dans le désert, au temps de la tentation, car au bout de 40 jours il avait faim et le diable se présenta lui proposant de transformer les pierres en pain. D’un autre côté, s’il est pratiqué pour une raison biblique, le jeûne devient une arme de la piété car Dieu est attentif à l’homme qui s’humilie devant lui jeûnant et gémissant ; Il considère nos angoisses, et le jeûne est le signe d’angoisse adéquate face à un danger réel, et il est une expression propre à la piété véritable.

     Par conséquent nous affirmons que le jeûne biblique est une pratique de la piété qui consiste à se priver totalement de nourriture, et que cette pratique est à utiliser en cas de danger sérieux, en cas de menaces de mort, en cas de crises graves, de conflits violents qui mettent en danger la prédication de l’Evangile ou l’existence même du croyant ou du peuple de Dieu. En ce cas le jeûne est l’arme spirituelle du moment, comme il le fut au temps de la reine Esther ! C’est une situation qui arrive souvent dans les pays communistes ou musulmans, et ne doutons pas que nos frères et sœurs utilisent cette arme de la piété. Mais nous en Occident nous affrontons une situation bien différente et le jeûne bien souvent n’est pas la réponse adéquate.

     En effet notre problème en Occident c’est l’Apostasie générale des églises évangéliques qui ne sont plus que des clubs religieux où la mondanité règne à ses aises, et ce n’est pas en jeûnant que les croyants gagneront la bataille. Il faudrait en premier lieu qu’ils suppriment la télé de leurs foyers, mais aussi qu’ils n’envoient plus leurs enfants se faire laver le cerveau à l’école et à l’université, que leurs femmes cessent de porter le pantalon et d’autres mesures cohérentes avec la morale judéo-chrétienne qu’enseigne la Bible. Mais cela n’arrivera pas, car la prophétie doit s’accomplir et par conséquent la majorité restera dans le club religieux, et sera emportée par le courant du monde qui l’amènera de retour à Rome ! Nous sommes en fait dans la situation dans laquelle se trouvait le prophète Jérémie. C’est pourquoi comme dit l’Ecriture : « La destruction est résolue elle fera déborder la justice, et ceux dont le cœur est droit l’approuveront ». A quoi cela servirait-il de jeûner ou de prier pour ces églises évangéliques apostates dont le destin est scellé ? A part quelques rares exceptions, il n’y a plus rien à faire ; comme dit Jéhovah à Jérémie : « Et toi n’intercède pas en faveur de ce peuple, n’élève pour eux ni supplications ni prières, ne fais pas des instances auprès de Moi ; car Je ne t’écouterai pas…les enfants ramassent du bois, les pères allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte, pour préparer des gâteaux à la reine des cieux » (Jer. VII : 16 à 18). La seule prière que nous pouvons élever devant Dieu c’est que les élus sortent de ces églises babyloniennes, où leurs femmes du haut de la chaire préparent des gâteaux pour célébrer le retour à Rome et où elles distribuent déjà la cène qui n’est plus sainte… Assurément prier et jeûner pour un avivement dans ces églises va contre la volonté de Dieu qui a déterminé la destruction de ces églises, « car c’est le moment ou le jugement va commencer par la maison de Dieu » (1 P. IV : 17)! Que ceux qui ont le privilège d’être encore dans une église fidèle prient et jeûnent quand le danger de l’Apostasie s’approche est un devoir. Mais une fois qu’elle est entrée, une fois que Jézabel est en chaire, il n’y a plus rien à faire sinon sortir au plus vite afin de ne pas recevoir le châtiment qui pèse sur elle…

     Bien sûr il y a aussi des occasions de jeûne en Occident mais elles ne concernent généralement que des circonstances personnelles, comme quand David jeûna pour que le Seigneur épargnât son enfant. Pour des raisons de vie ou de mort le jeûne est plus efficace que la tournée des médecins spécialistes, car Dieu écoute la prière de l’affligé et le jeûne est un signe d’affliction qui touche le cœur de Jéhovah (qui par la suite peut aussi diriger le croyant sur le bon spécialiste…) . Considère lecteur le cas du roi Achab. « Il n’y a eu personne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de l’Eternel » (1 R. XXI : 25). Achab assurément n’était pas un croyant véritable ; c’était un faux croyant qui « a agi de la manière la plus abominable, en allant après les idoles » (v. 26). Néanmoins Achab crut ce que lui dit Elie sur la colère de Jéhovah, laquelle allait bientôt tomber sur lui et sur sa maison, et il s’en affligea grandement ; « il déchira ses vêtements, il mit un sac sur le corps et IL JEUNA… ». Il ne nous est pas dit qu’il pria ; il nous est simplement dit qu’il se soit humilié de cette façon toucha le cœur du Seigneur. Par conséquent la malédiction ne vint sur sa maison qu’après sa mort (v. 29). Nous voyons donc ici l’efficacité du jeûne car même un homme comme Achab fut objet de la miséricorde de Dieu, et fut épargné temporairement. A combien plus forte raison un chrétien né de nouveau devrait utiliser ce moyen pour renforcer ses prières dans des cas d’urgence, dans des cas de vie ou de mort, de désastres imminents ! Hélas nous n’entendons jamais un tel enseignement chez nous les calvinistes, et chez les autres c’est pour seulement pour demander un avivement dans une église de l’Apostasie ! Soit on nous parle du jeûne spirituel d’Es. LVIII : 6, 7, soit on nous propose un programme de jeûne établi selon le calendrier pour des motifs vains. Mais selon ce que nous lisons dans la Bible le jeûne est une mesure exceptionnelle pour des circonstances dramatiques et exceptionnelles. C’est pourquoi nous ne voyons pas de jeûne imposé par la loi mosaïque dans le Pentateuque, et dans le NT notre Seigneur dit que les disciples jeûneront quand l’époux leur sera enlevé, c’est-à-dire dans une situation difficile, dans une situation de danger imminent, ou de mission périlleuse et transcendantale comme quand Barnabas et Paul furent envoyés dans le premier voyage missionnaire de l’ère chrétienne (Ac. XIII : 2, 3). Voyons maintenant l’application pratique de cela dans notre vie quotidienne dans notre Occident décadent.

      Elle est plutôt rare, car excepté une maladie mortelle ou incurable (Ps. XC : 10) qui affecte un proche qui n’a pas encore atteint l’âge de partir, ou une possession démoniaque, nous n’avons pas eu à craindre depuis la chute de l’Allemagne nazie un massacre imminent, une déportation aux camps d’extermination etc. Par conséquent la pratique du jeûne, bien qu’elle soit toujours en vigueur pour tous les chrétiens de tous les temps et de tous lieux, n’est pas ici un recours commun. Car nous vivons dans une abondance matérielle, et une liberté enviables pour nos frères dans le quart monde, ou dans les pays communistes et musulmans. Cela fait que la grande majorité des protestants réformés ne savent pas ce qu’est jeûner véritablement. Les catholiques fondamentalistes le savent (ils jeunent 3 jours d’affilée à la Carême) et les pentecôtistes aussi, et ensemble ils s’en glorifient car ils s’imaginent que c’est un moyen de se maintenir dans la grâce ou de croître spirituellement ou de provoquer un avivement. Ils jeûnent pour des motifs erronés et non bibliques.

     Personnellement autrefois je pratiquais ces sortes de jeûnes dans l’esprit du catholicisme romain. (Chaque semaine je jeunais plus de 24h, et en ce jour de jeûne programmé, je me permettais uniquement de boire de l’eau). J’étais à l’époque croyant né de nouveau, mais j’ignorais tout de la saine doctrine protestante. Bien évidemment ces jeûnes ne servaient absolument à rien sinon à alimenter la vanité de l’homme charnel qui se voulait spirituel! Mais dès que par la grâce de Dieu je lus le traité de Luther sur les vœux monastiques je brisai le vœu de jeûner que j’avais fait, et j’abandonnai immédiatement, et avec soulagement cette vaine façon de pratiquer le jeûne comme un programme de sanctification hebdomadaire.

    Beaucoup de croyants sincères et véritables sont tombés dans ce piège du salut par les œuvres, et beaucoup ont été infectés par cet esprit monacal. Antoine d’Alexandrie fut un des plus fameux dans la galerie des anachorètes et des moines… Antoine entendit un jour à l’église locale le récit du jeune riche qui vint voir le Seigneur pour savoir comment entrer dans le Royaume (Luc XVIII : 18 al 25). Il s’imagina de suite qu’il était la réplique de ce jeune et donc il vendit son héritage, le distribua aux pauvres, et alla suivre le Christ au désert ! Il arriva à une tombe où il s’installa durant une période, comme le fit le possédé de la région des Gadaréniens (Mc. V : 3). Antoine perdit son temps en jeûnes, veillées, en ascétisme, et le pire fut qu’il inspira beaucoup d’autres à le suivre dans cette voie erronée, dans ce faux évangile du salut par les œuvres, de la sanctification par le jeûne… Sa vie fut tant inutile que lorsque la persécution des chrétiens fit rage à Alexandrie, le préfet ordonna leur arrestation et exécution, mais pour les moines il leur interdit simplement de venir en ville, car ils venaient maintenant pour prier et soutenir les chrétiens emprisonnés et destinés au martyre. Antoine refusa de quitter Alexandrie et décida défier le préfet romain. Il se mit sur le passage de son cortège, et le préfet le voyant défiant son décret publiquement fit arrêter le cortège, le regarda puis ordonna que le cortège reprît son chemin ignorant complètement la rébellion du moine. Le préfet savait que les moines ne sont aucun problème pour la diffusion de l’Evangile, et il ne voyait donc pas l’utilité d’exécuter Antoine. La couronne du martyre fut donc réservée à l’évêque d’Alexandrie qui fut exécuté promptement, mais pas au chef spirituel des moines égyptiens ! Satan n’a rien contre les chrétiens qui se font moines ou anachorètes ; ceux-ci ne représentent aucun danger pour son royaume puisqu’ils ignorent le salut par la foi, et croient en un salut par leurs œuvres qui consistent en jeûnes et autres exploits ascétiques au fond d’un désert ou d’une caverne. Cette sorte de chrétiens ignorants s’imaginent qu’ils vont s’emparer du royaume en se rendant misérables, pauvres et isolés de tout contact humain. Que ces croyants en un faux évangile restent dans leurs cavernes et invitent par leur exemple à d’autres ignorants à suivre leurs exploits ascétiques convient tout à fait à l’agenda du diable, qui sait que ce qui met en danger son royaume c’est l’annonce du salut par la foi, pas l’ascétisme de quelques fanatiques ignorants l’essence de de l’Evangile de la grâce ! Ces pauvres gens qui parfois sont des croyants véritables, ne se rendent pas compte que notre Seigneur dit : « Je ne te prie pas de les ôter du monde mais de les préserver du mal » (Jn. XVII : 15). Ils croient lutter contre le diable et en fait ils font son jeu.

     Pour ma part dès que je compris l’inutilité et la perniciosité de ces pratiques monacales, je n’ai pratiquement plus jeûné sinon très exceptionnellement, et pas pour des raisons futiles ou des situations d’urgence qui ne se présentèrent pas, mais simplement pour voir si je suis toujours capable de soumettre ma chair. La dernière fois, ce fut à l’occasion d’un malaise stomacal que le jeûne permit de soulager… Mais parlant toujours à un niveau personnel et expérimental, et non dogmatique, je te pose maintenant la question frère protestant : n’as-tu jamais jeûné 24 heures dans ta vie ? Si tu ne l’as jamais fait car rien ne justifiait un jeûne, ne penses-tu pas que ce serait bien d’expérimenter exceptionnellement cette pratique biblique ? Pas pour te sanctifier, pas pour un avivement, pas pour mieux comprendre les Ecritures ou mieux prier ; tout cela dans des conditions normales ne requièrent pas du tout le jeûne, mais pour 2 raisons toutes simples.

     La première serait pour voir si tu n’es pas esclave de ton estomac. Peux-tu dominer la chair à ce niveau ? Et c’est le niveau le plus élémentaire ! A moins que tu ne souffres de gastrite ou que tu sois sous traitement médical, ne crois-tu pas que ce serait intéressant d’expérimenter personnellement que l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de l’Eternel ? Paul disait : « Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux autres » (1 Co. IX : 27). Or il nous ordonne aussi d’être ses imitateurs (1 Co. I : XI : 1, Phi. III : 17) ! C’est pourquoi si nous affirmons que le jeûne est une pratique en vigueur pour le Chrétien biblique comme l’affirma le Seigneur (Mt. IX : 15), il est prudent de nous assurer de ce que signifie en pratique de jeûner, de peur que le jour où le jeûne s’impose nous soyons incapables de résister aux cris de l’estomac, et soyons confondus et honteux ! Nous avons tous grandi en Occident dans une société de consommation qui rend un culte au corps. Nous sommes devenus gras, douillets et certains deviennent même efféminés car ils se teignent les cheveux, se vernissent les ongles (avec un vernis transparent), et utilisent des crèmes faciales, (évidemment je ne parle pas des crèmes solaires qui sont d’ordre préventif pas esthétique). La télé a bien effectué son lavage de cerveau, et les publicités ne sont pas destinées seulement à vendre des produits cosmétiques sinon à souiller l’image de l’homme et de la femme, rendant l’un efféminé et l’autre prostituée !La Bible nous commande de ne pas nous laisser emporter par le courant du monde mais au contraire de nager à contre-courant, et comme Paul, nous les hommes, (car mon défi paulinien s’adresse à mes frères pas à mes sœurs), nous devons de temps en temps traiter durement notre corps. Or le jeûne est un traitement dur pour le corps qui a l’avantage de te permettra de vérifier où en est l’assujettissement de ton estomac… Si tu n’as pas le contrôle de ton estomac, tu as un gros problème avec ton âme ; elle ne peut vivre sans pain 24 h, et serais-tu alors de ceux qui ont pour dieu leur ventre (Phi. III : 19) ? Maintenant répondre que non est facile. Mais il y a tellement de faux chrétiens qui mentent et se mentent à eux-mêmes que cela n’est peut-être qu’une parole en l’air… Par contre si tu jeûnes un jour complet, ta réponse sera en vérité parole d’homme, elle ne sera pas une parole en l’air. Evidemment certains ont un autre dieu que l’estomac, et c’est le portefeuille, mais c’est un autre thème…

     J’ai néanmoins un autre argument en faveur de la pratique expérimentale du jeûne pour ceux qui savent sans avoir jamais jeûné que le ventre n’est pas leur dieu. Car ils ont sacrifié bien plus qu’un jour de bonne chère dans la lutte pour l’Evangile ! A ceux qui sont vraiment en Christ, mais qui jusqu’à présent n’ont connu que l’interprétation allégorique du jeûne, et par conséquent n’ont jamais jeuné au sens propre, je désire simplement les inquiéter par une petite question : sachant que la grande majorité des saints dans l’AT comme dans le NT ont jeûné, ne trouvez-vous pas bizarre que cette pratique soit passée sous le silence ou spiritualisée, dans les cercles réformés ? Le jeûne est une pratique biblique courante et le devoir des pasteurs est d’en parler et d’expliquer comment et pourquoi elle se pratique, et non l’ignorer alors qu’elle reste une arme utile dans une certaine forme de combat contre le Malin. David utilisa 1 seule fois sa fronde sur un champ de bataille et ce fut sa victoire la plus mémorable. Après il ne l’utilisa plus jamais pour la guerre et préféra former des unités d’archers… Le fait est que tout le monde se rappelle la fronde de David. Mais qui se souvient des unités d’archers qu’il a créées ? De même en Occident le jeûne peut servir en cas de crise personnelle grave (accident, maladie, problème judiciaire, menaces de mort etc.). Mais dans les églises cessationnistes le pasteur recommandera seulement de prier, jamais de jeûner. Or la victoire peut se trouver justement, en certains cas, dans le jeûne, puisque le jeûne est en fait une supplication intense que le Seigneur entend parfaitement. Et elle se fait non pas avec les lèvres mais avec tout le corps qui tel une terre desséchée demande à Dieu une pluie qui la reverdira.  Mais nous sommes dans la société d’abondance, et le jeûne au sens propre est devenu chez la majorité des calvinistes de ce siècle comme quelque chose d’anachronique ou de fanatique…

      Quelle que soit votre réaction à ce thème, chers frères, je vous le répète : cela ne sera-ce pas bizarre quand même que vous arriviez à vivre comme chrétien 30 ou 60 ans et que jamais il ne vous soit venu à l’idée de jeûner ne serait-ce que pour voir ce que c’est ? Je ne parle pas d’un programme ; c’est charnel et inutile. Non, je parle simplement d’une expérience occasionnelle, pas dans le but d’accumuler un mérite à la façon romaine, ou de recevoir une vision à la mode pentecôtiste, mais plutôt de savoir ce que c’est que jeûner vu que cela fait partie des recours du croyant sur le champ de bataille où se trouve l’Eglise militante. Et ne doutons pas que nos frères au Nigéria ou en Afghanistan doivent avoir recours à cette arme spirituelle, vu les menaces de mort qui pèsent constamment sur eux… C’est un peu comme un soldat qui doit partir sur le front, et on lui montre les différentes armes à feu qui sont à sa disposition pour le combat. Il sait manier son fusil d’assaut évidemment, mais on lui montre dans l’armurerie un fusil à lunette de longue portée qui peut être très utile dans des missions spéciales. Néanmoins il part sur le front sans s’être entrainé avec ce fusil de haute précision, alors qu’il est lui-même enrôlé dans un commando destiné à des opérations spéciales. Le jeûne c’est un peu ca : une arme spéciale face à une situation très spéciale… De plus, rappelons-nous que« depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent le royaume est forcé et ce sont les violents qui s’en emparent » (Mt. XI : 12). Cela ne change pas avec le temps, car l’entrée au royaume est toujours par la porte étroite et le chemin passe toujours par des tribulations, mais pas par des programmes de tribulations que nous ont inventés Antoine d’Alexandrie ou François d’Assise ! Celui qui ne se fait pas violence et n’est pas prêt à traiter durement son corps n’est pas sur le chemin étroit. Il y a une disposition d’esprit chez le croyant né de nouveau, qui n’existe pas chez le faux croyant. Dans les pays communistes et musulmans il n’y a aucun problème pour savoir si le croyant possède la disposition d’esprit qui doit le caractériser, mais c’est loin d’être le cas en Occident ! Frère es-tu sûr d’être prêt à soumettre ta chair pour suivre la voie sainte ? Nous avons grandi ici en Occident dans une société de confort matériel et tous mettent du beurre sur leurs tartines. C’est donc facile de dire qu’on est prêt à traiter durement la chair pour suivre le Seigneur ! Mais si tu veux t’en assurer véritablement et ainsi ne pas te tromper toi-même ; fais un jour de jeûne véritable et tu auras la réponse nette à la question !

      Evidemment beaucoup diront que quand la nécessité se présentera ils le feront, mais est-ce bien vrai ? Le jeûne n’est pas le martyre. En effet personne ne doit s’entraîner pour le martyre car ce n’est pas une pratique de la piété, sinon une démonstration de la présence et de la puissance de Dieu en nous, et c’est Lui qui donne la force et l’endurance à ceux qui y sont prédestinés, et dans ce cas Blandine ne craint ni les coups, ni le feu, ni les lions, ni le taureau qui va l’écorner, ni l’épée qui finalement met fin à son martyre. Le jeûne au contraire est une pratique biblique de la piété et elle est utile en cas de coup dur, et peut être révélatrice pour certains en Occident… Si cela fait des années que tu es chrétien biblique et que tu lis la Bible constamment, et que tu tombes constamment sur le thème du jeûne, ne crois-tu qu’il serait sage d’en avoir une connaissance pratique, et pas seulement théorique ; au moins pour savoir où en est réellement ta relation avec ton ventre… Pour savoir s’il est bien à sa place, car les croyants ne sont pas comme les impies ; des ventres et des bas-ventres ambulants. Les enfants de Dieu ont le cœur sur la main et la pensée en Christ !

     Maranatha.